dimanche 1 août 2010

Pour commencer, une petite décollation.

  
Distribuons de longues et dripées giclettes riches en phosphore, en potassium, en calcium, naturelles et pourtant si salissantes parce que surgies des profondeurs telluriques de mon corps malade de saliveur de demis et de trois-quarts. Distribuons avec la vigueur chevaline de ceux qui ne peuvent digiter qu'avec leurs sabots, d'interminables et jouies fontaines de terne liqueur opalescente, bien en travers de noms et de visages éructant qui nous viennent à l'esprit par chapelets. Caressons avec nos sabots taurins. Visages. Noms. Discours. Certaines têtes ont pour vocation de rouler. Dans des paniers.

Que cette mode me manque!

Des caps dans des paniers, sur des paillasses, sur des estrades, sur des grands-places, sur une Marseillaise dont l'auteur est Gainsbar et seulement Gainsbar. Des têtes, Ô! Oh! Oah! Hm-hh-hHhho... recouvertes de semis épais et généreux se mélangeant avec le négligé d'une vinaigrette.
Que cette époque me manque où le peuple, jusqu'au plus petit, prenait son plaisir au spectacle de reines et vicomtes en tête à tête avec cet homme encagoulé, tellement avare en paroles, matérialisant de toute son apparence la colère froide et déterminée de la totalité du monde moins ses régnants. Que cette scène immense où s'élevait une mécanique optimisée au millimètre pour les cous de rois donnait à voir le plus érotique des spectacles...

Je chéris ces quelques secondes où la couronne a plié genou, puis deux aux planches, la main puissante, caleuse du bourreau sur la nuque pour l'y contraindre. Un sanglot: le droit divin fait homme, face à son propre couteau à cous, qui fait se mordre mille lèvres de désir-bientôt-plaisir.
Le sanglot geignard et en face, les râles du monde, qui prend enfin son gros jouir dans sa main vaginée à coups de salive. Des centaines de seins halètent mollement, des centaines de têtes plongent au creux de plis vibrants, des centaines de bras s'agitent vigoureusement, un million de reins gigotent comme les vers sur une charogne. Quelle vision!
Le monde se baise aux pieds d'un homme qui va mourir.
Le monde se baise parcequ'un homme va mourir.
Un homme tout à fait commun.
Une tête, un corps. Bien distincts désormais.

CRRÈÈÈVE

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